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Avec 20 ans,
revivez vos pires et vos plus beaux souvenirs de jeunesse !
PARTAGÉE
J’ai aimé les messages du roman
mais la construction narrative et quelques longueurs m’ont dérangée…
20 ans, tome 1
De Claire Bertin
Auto-édition
Quatrième de couverture :
Elles ont 20 ans et leur vie d’adultes commence. Quelles routes Clara, Emilie et Vanessa choisiront-elles de suivre ?
Trois personnalités et trois destins liés les uns aux autres.
Des voyages, des fous-rires et, surtout, de l’amour…
Partagez leur voyage initiatique à l’aube de l’âge adulte et plongez dans leurs aventures !
— Feel good / histoires de filles —
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Chronique Pressée :
En un mot :
∼ À la fraîcheur de nos 20 ans ! ∼
En une phrase :
∼ Elles ont vingt ans et elles sont amies : Emilie, Clara et Vanessa nous confient tour à tour leurs voyages, leurs espoirs et leurs amours, nous servant d’exemples et de conseillères à l’aube de notre vie d’adulte ou ravivant nos propres souvenirs de jeunesse ∼
Sur le message :
∼ La vie, ça fait tourner la tête : dans les moments de joie et de tristesse ∼
1 – Le style
Ce qui a pêché pour moi avec ce roman c’est d’abord le style, un peu trop neutre à mon goût, correct mais sans folie, sans courbe et sensualité, sans métaphore, sans poésie ni réelles grâces littéraires. C’est très scolaire.
2 – Des longueurs
Ensuite, quelques longueurs au tout début du roman et à la moitié de l’histoire ont ralenti ma lecture, la rendant même pesante sur quelques chapitres avant le final. En dehors de ces longueurs, le reste de l’histoire s’est déroulé de manière fluide et avec intérêt. Pour moi, le livre aurait gagné à perdre quelques pages et descriptions secondaires et à raccourcir quelques situations sans conséquence sur la suite des événements. Par exemple, on n’a pas besoin de savoir à chacune de leur sortie ce qu’elles consomment comme boisson.
3 – Passage du pronom personnel « il » au pronom personnel « je » par moment dans la narration
Cependant, ce qui m’a véritablement dérangée durant ma lecture, c’est la construction narrative et plus précisément le changement de pronom personnel référent au sein du roman ! Pour en avoir parlé avec l’autrice, je sais qu’elle a fait volontairement ce choix pour que le lecteur se sente plus proche par moment des héroïnes. Mais cela a eu l’effet inverse sur moi : je suis carrément sortie de ma lecture dans la seconde moitié du roman quand le narrateur à la troisième personne alternant entre Emilie, Clara et Vanessa s’est soudain transformé par moment en narrateur à la première personne. Ce changement de pronom – sans indication de qui était le nouveau « je » entre Emilie, Clara ou Vanessa – m’a totalement perdue et déroutée. Mais de plus, un récit dans lequel le narrateur alternerait pour un même personnage dans une même temporalité d’action l’utilisation de la troisième personne (le narrateur est différent du personnage) et de la première personne (le narrateur = le personnage et on parle même de « personnage-narrateur ») n’est pas crédible. (Un récit peut, toutefois, contenir un personnage-narrateur et un narrateur à la troisième personne dans le cas d’un récit avec lecture d’un journal intime ou si les pronoms personnels de la première et de la troisième personne ne renvoient pas au même personnage). Pour se sentir proche d’un personnage, voire « se croire dans sa tête », plusieurs outils sont à notre disposition sans que cela ne crée d’incohérence narrative : le changement de points de vue omniscient (le narrateur sait tout et utilise la troisième personne « il »), interne (le narrateur ne sait que ce que sait le personnage comme s’il était le personnage mais utilise la troisième personne « il ») et externe (le narrateur ne sait que ce qu’il pourrait voir comme un témoin extérieur aux personnages et à toute connaissance) ou l’utilisation des discours indirect, indirect libre et direct libre ! Ainsi, je ne vois pas l’intérêt d’avoir fait des trois amies du récit à la fois des personnages racontés par un narrateur extradiégétique (le narrateur est extérieur à l’histoire et la raconte au lecteur sans être lui-même personnage de l’histoire racontée) et par moment des personnages-narrateurs autodiégétiques (le narrateur raconte lui-même sa propre histoire, il à la fois celui qui raconte et le héros) pour continuer le récit dans la même continuité linéaire. Par conséquent, aussi bien d’un point de vue théorique que ressenti, je n’ai pas apprécié ce « procédé ». Toutefois, si l’on souhaite mélanger des narrateurs de différents niveaux, il est au moins nécessaire d’interrompre la narration initiale à la troisième personne par des chapitres nominatifs prévenant le lecteur d’un changement dans le mode de narration, comme Claire m’a dit l’avoir fait pour le tome 2.
4 – Passage des temps du passé au présent dans un récit linéaire d’un point de vue temporel
Le passage périodique à la première personne – pour Emilie, Clara ou Vanessa – a eu une conséquence brisant à nouveau la cohérence du récit : la narration à la troisième personne se présente, en effet, aux temps du passé alors que celle à la première personne est au présent ! Ce changement de temps est irrationnel ! Une fois encore, c’est une rupture des règles aristotéliciennes qui ont défini comment dérouler un récit dans un ordre chronologique. Théoriquement, si on nous raconte une histoire au passé, cela signifie qu’elle s’est déjà produite et qu’on nous raconte ce qui est arrivé, alors qu’utiliser le présent sous-entend que ce qu’on nous raconte se passe maintenant sous nos yeux, à la même époque que nous. Mélanger les deux dans un même récit, c’est faire de toute la narration au passé une sorte de souvenir et des passages au présent l’action en train de se passer. Or, dans 20 ans, l’histoire est linéaire et les changements de temps n’ont aucune valeur temporelle.
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Pour résumer :
Je n’ai pas apprécié le style, quelques longueurs et le fait que le livre est divisé entre une narration au passé en « il » de type roman et une narration en « je » au présent de type journal intime, pour faire parler les mêmes personnages, au même moment et de façon chronologique au sein de l’action.
Une thématique nostalgique et pleine de fraîcheur
Le style, bien que sans volupté littéraire, est correct et il n’y pas vraiment de coquille ou d’erreur.
De nombreux thèmes majeurs de l’existence sont abordés : l‘amitié, la jeunesse, le voyage, la découverte de l’amour, le dépassement de soi… (d’où le côté feel-good du roman)
Les personnages sont intéressants et tous les trois différents ou du moins confrontés à des difficultés de vie distinctes, ce qui permet à chacune (oui c’est plutôt à un public féminin que ce livre s’adresse il me semble) d’entre nous de se retrouver dans au moins l’une d’elle ou la situation de l’une d’elle. Il n’y a pas de monotonie ni de redondance dans l’évolution de leur vie, chacune des trois amies a son lot de remises en question et de bouleversements.
L’immense qualité de ce roman, pour moi, réside dans sa façon de traiter les relations amoureuses des personnages et les messages que l’on peut en tirer – à tout âge certes, mais encore plus à 20 ans. J’ai été impressionnée par la justesse avec laquelle Claire Bertin a abordé des situations amoureuses compliquées et surtout RÉALISTES ! Spoilers à lire en surlignant : Telles que relation toxique, grossesse surprise et perte de son enfant en début de grossesse, anorexie ou maltraitance de son corps, attirance homosexuelle, doutes sur les décisions à prendre, hésitation entre deux garçons, histoire d’amour sérieuse ou légère…
En conclusion, j’ai trouvé le fond meilleur que la forme, et c’est cette dernière faiblesse qui explique mon avis partagé pour 20 ans. Je pense que si vous aimez les feel-good et les histoires de filles, si vous avez des leçons de vie à apprendre ou que vous avez 20 ans, ce livre pourrait vous apporter beaucoup. Par contre, si vous êtes amoureux du style et rigoureux en matière de narration, ce livre n’est pas fait pour vous.
*** Remerciements ! ***
Je remercie infiniment Claire Bertin de m’avoir envoyé son premier roman accompagné d’une jolie dédicace ! J’ai été très émue de ce geste et de l’importance qu’elle accordait à mon avis. Même si mon retour de lecture est un peu partagé, à cause de certains points, j’ai trouvé de réels qualités à ce roman et je te remercie d’avoir partagé avec moi ta belle vision du monde ! Je ne regrette qu’une seule chose : de ne pas avoir lu ce livre quand j’avais moi-même 20 ans, cela m’aurait peut-être évité de faire bien des bêtises…
Mais c’est ça d’avoir 20 ans !
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il suffit de cliquer !
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À votre cocktail ou votre jus de goyave et bonne lecture !
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